La Glacière
de Vinassan
Par un Édit Royal de 1659, Louis XIV autorise la construction de glacières sur le territoire de la France de l’époque. Elles étaient gérées par les Fermiers Généraux qui octroyaient ce privilège aux plus offrant lors d’enchères et pour une période de 10 ans.Cet Édit ne semble pas être à l’origine de la construction de la glacière de VINASSAN, il est probable qu’elle soit antérieure de quelques années. Nous retrouvons dans les textes deux propriétaires : Louis CHASTAGNIÉ, Sieur DANDONVILLE, en 1673, puis, Sieur Gabriel de SORGUES, Seigneur de MOUJAN et de VINASSAN. La glacière a été abandonnée à la fin du XVIIIème siècle, période pour laquelle nous ne connaissons pas les propriétaires.
Actuellement le bâtiment appartient à la Commune de VINASSAN et a fait l’objet de 5 chantiers de restauration de 2003 à 2007 avec les volontaires internationaux de CONCORDIA.
Cette restauration est l’œuvre d’un partenariat étroit entre la Commune, le Parc Naturel Régional de la Narbonnaise en Méditerranée, la Région Languedoc-Roussillon et la Maison de la Clape.
La glacière se situe sur un parcours qui relie la montagne Noire à la mer en 130 km : la Route de la Glace. Petite précision : la glacière de notre commune ne fonctionnait déjà plus quand, au XIXème siècle, celles de la montagne Noire ont commencé leurs activités.
L’usage de la glace
Au XVIIème siècle, la mode est à la consommation des sorbets et des glaces. Outre cet usage culinaire, la glace servait pour le rafraîchissement des boissons ; les bouchers et les poissonniers l’utilisaient pour conserver leurs produits. Enfin elle pouvait rentrer dans certaines pratiques médicales pour soigner des maladies (il existe une glacière dans la cour de l’hôpital de NARBONNE). Certaines maisons de la grande bourgeoisie et de la noblesse l’achetaient pour un emploi domestique.
Le cycle annuel de fonctionnement de la glacière
En novembre, un meneur d’œuvre nettoyait la glacière à grandes eaux, car la propreté était gage d’une bonne qualité de la glace. L’eau s’évacuait ensuite par un orifice (touât) situé, pour celle de VINASSAN, sous le couloir d’accès. Cette évacuation avait aussi son rôle à jouer lors de la fonte de la glace, au moment de sa conservation. Au fond de celle-ci était disposé un lit de branchages ou de sarments. Alors pouvait commencer la collecte de la glace qui se faisait à dos de mulets ou dans de nombreux tombereaux. Elle était recueillie dans les mares avoisinantes, le cours d’eau qui passait à proximité, des bassins aménagés à cet effet. Ici, on parvenait à remplir la glacière avec la glace récoltée aux alentours. A l’époque de Louis XIV, la France traverse une mini glaciation.
Le remplissage s’effectuait par l’ouverture supérieure, la glace était tassée par les hommes afin de limiter au maximum les trop nombreuses bulles d’air qui provoquent la fonte. Les murs, très épais, étaient garnis de feuillage et de paille au fur et à mesure que la glacière était remplie, toujours dans un souci d’isolation thermique. Quand on considérait que la glacière était pleine, le vide restant était comblé par de la paille et la glacière était fermée. Elle restait sous haute surveillance, des contrôles et des prélèvements étaient effectués régulièrement. En 7 mois, le volume de la glace pouvait diminuer de 50 %. En mai, un procès verbal autorisait l’ouverture de la glacière et la vente pouvait commencer. La glace était alors évacuée par le couloir d’accès.
Tout le travail lié à la glace se faisait la nuit, les hommes étaient éclairés par des bougies, même à l’intérieur du bâtiment. A l’extérieur, la glacière était entièrement recouverte de terre et de végétaux pour assurer la meilleure isolation possible. Le couloir d’accès est orienté au Nord, en forme de coude, avec trois portes successives.
Quelques chiffres et aspects techniques
Son diamètre : 6 mètres ; sa hauteur : 9 mètres ; sa contenance : 100 tonnes de glaces
Le bâtiment a été construit avec des pierres de grés et de calcaire, certains blocs de calcaire ayant été taillés pour les embrasures des portes. Le fond est un pavage de pierres non jointives, bloquées par de l’argile.